Le tapis rouge est prêt à être déroulé, le jury s'apprête à débarquer et les premiers festivaliers déambulent autour de la Croisette: à la veille de son ouverture officielle, le 72e festival de Cannes a commencé lundi son cinéma.

Sur l'immense affiche déployée sous le soleil au fronton du Palais des festivals Agnès Varda est là, l'œil rivé sur la caméra, guettant l'arrivée de la pléiade de stars qui vont monter les "marches de la gloire". Mais c'est Alain Delon qui a fait parler les journalistes arrivés en éclaireurs, accusé par l'organisation américaine Women and Hollywood de propos "racistes, homophobes et misogynes".

Dénonçant une "police politique", Thierry Frémaux a défendu l'acteur qui doit recevoir une palme d'honneur: "Alain Delon a le droit de penser ce qu'il pense", a insisté le délégué général du festival estimant "compliqué de juger avec les lunettes d'aujourd'hui des choses qui se sont passées et dites il y a quelques années".

Alain Delon a reconnu dans le passé avoir giflé des femmes et qualifié l'homosexualité de "contre-nature"

Après une précédente édition sous le sceau du mouvement #MeToo, lors duquel il avait signé une charte sur la parité hommes-femmes, Thierry Frémaux a également dû défendre sa sélection de films en compétition, avec seulement 4 réalisatrices en course sur 21 films au total: "Il ne faut pas mélanger ce vœu de parité avec la question de la sélection. (...) Il serait irrespectueux de la part de tout festival de sélectionner un film parce qu'il est réalisé par une femme", a-t-il plaidé.

- Le zombie Iggy Pop -

En attendant l'ouverture mardi soir avec "The dead don't die" de Jim Jarmusch et sa horde de zombies emmenés par Iggy Pop et Tom Waits, les photographes amateurs ont déjà installé leur marée d'escabeaux pour ne pas perdre une miette du spectacle.

Mais tous n'ont pas pris autant d'avance et les camions se bousculaient encore lundi autour du Palais, livrant fleurs, boissons et matériels pour les quelque 40.000 professionnels, dont 4.500 journalistes accrédités qui assisteront à la compétition ou participeront au marché du film, dans le sous-sol du "bunker", le palais des festivals.

Un bâtiment jugé "moche" par le PDG de Pathé, Jérôme Seydoux, qui dans le journal Le Monde estime qu'il faut avoir le courage de le "raser".

Quant au dispositif de sécurité, il a été "reconduit et adapté, notamment dans la gestion des files d'attente", a indiqué le nouveau préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, à Nice. Plots anti-intrusion, armes longues, tunnels rayon X, brigade équestre, hélicoptères et vedettes en mer: tout est prévu pour quadriller la ville.

Le jury arrivé lundi soir à l'hôtel Martinez a dégusté des plats réalisés en hommage à la filmographie de son président, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu. Au menu: "un relief de pigments de saveurs axé autour du radis", une "tarte choco boeuf" ou encore "des fraises des bois à l'huile d'argan".

Il leur reviendra, à partir de mardi, de départager les 21 films en compétition, dont ceux de cinq de cinéastes déjà palmés. Parmi eux les réalisateurs retenus in extremis Quentin Tarantino qui, 25 ans après "Pulp Fiction," revient avec son film "Once Upon a Time... in Hollywood", et Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 avec "La Vie d'Adèle".

 

- Habitués et nouveaux venus -

Il faudra aussi compter sur les déjà double palmés Jean-Pierre et Luc Dardenne et Ken Loach. Les deux frères belges sont de retour avec "Le jeune Ahmed", tandis que le cinéaste britannique revient avec "Sorry we missed you". Récompensé en 2011, l'Américain Terrence Malick présentera lui "Une vie cachée".

A la liste des habitués du festival s'ajoutent l'Espagnol Pedro Almodovar, l'Italien Marco Bellocchio, le Sud-Coréen Bong Joon-ho, le Canadien Xavier Dolan, le Palestinien Elia Suleiman, le Brésilien Kleber Mendonça Filho (seul représentant de l'Amérique latine) et le Français Arnaud Desplechin.

Le contingent français, avec six films, compte quatre nouveaux venus: Céline Sciamma, Justine Triet, Ladj Ly et la Franco-Sénégalaise Mati Diop.

Le show devrait être aussi assuré par la présence, pour des films hors compétition, de stars aussi diverses que le footballeur argentin Maradona, objet d'un documentaire, le chanteur Elton John pour le biopic "Rocketman", ou Bono du groupe U2 qui accompagnera un documentaire sur la lutte contre le Sida. Quant à Sylvester Stallone, il sera là le 24 mai, veille de la clôture du festival.

S/AFP/Afric'sol

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