Au lendemain du plus violent affrontement entre migrants jamais survenu à Calais, Gérard Collomb a appelé vendredi les candidats à l'immigration en Grande-Bretagne à ne plus venir dans cette ville, "un mur", "un mirage", visant aussi les associations.

Le bilan de ces rixes, qui ont éclaté en trois endroits distincts entre l'après-midi et le début de soirée jeudi, demeurait fixé vendredi dans la matinée à 22 blessés. Le pronostic vital de quatre d'entre eux, blessés par balle, est engagé. Il s'agit d'Erythréens, qui seraient âgés de 16 à 18 ans. L'état de santé d'un cinquième blessé par balle inspirait moins d'inquiétude.

De source policière, la nuit de jeudi à vendredi a été calme, aucun nouvel affrontement n'ayant été enregistré. Et "on a distribué 300 repas dans un calme olympien ce matin", rue des Verrotière, l'un des lieux de rixe jeudi, a affirmé à l'AFP Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam. De fait, aucun signe de tension n'était perceptible à cet endroit-là, où, par un froid glacial et dans le vent, les migrants emmitouflés prenaient leur repas, a constaté l'AFP.

Un ressortissant afghan est recherché. Agé de 37 ans, il est soupçonné d'être l'auteur de coups de feu sur des Erythréens tout près de l'hôpital de Calais où avait lieu une distribution de repas jeudi après-midi.

Une dizaine de témoins avaient déjà été interrogés vendredi matin, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer. "Au fur et à mesure des témoins, certains nous disent qu'ils étaient plusieurs à tirer. C'est un peu confus", a-t-il insisté, les enquêteurs recherchant les éléments de munition sur le terrain. Les armes de poing, en tout cas, appartiennent plus "aux réseaux de passeurs" qu'aux migrants, relève-t-on de source judiciaire.

Au yeux de Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, ces incidents seraient d'ailleurs en grande partie le fait de passeurs. "On voit bien aujourd'hui qu'ils sont organisés en bande. Autant il y a pu y avoir par le passé des phénomènes spontanés, autant aujourd'hui on voit aujourd'hui qu'il y a des chefs de bandes qui entraînent autour d'eux. Ces réseaux-là doivent être démantelés", a-t-il dit vendredi matin devant la presse à Calais, où il s'était rendu dans la nuit.

- Des policiers en renfort -

Il a également annoncé le renfort de "deux unités" de police "qui vont arriver dans la journée", alors que la maire de Calais, Natacha Bouchart, mettait en garde: "On ne peut plus supporter ça. Ca suffit".

M. Collomb a aussi martelé qu'il ne voulait "pas de fixation" à Calais et que "personne, parmi les migrants qui sont sur Calais, n'ira en Grande-Bretagne". "Le message que je veux faire passer, c'est que, si on veut aller en Grande-Bretagne, ce n'est pas ici qu'il faut venir", a encore lancé le ministre, qui, dans la nuit, avait comparé Calais à un "mirage, un mur auquel se heurtent les migrants". Il reprend ainsi en substance les propos d'Emmanuel Macron lors de sa visite à Calais le 16 janvier.

Et comme le président, il a mis en cause les associations à propos de la distribution des repas: "Je fais appel au bon sens des associations. Il ne peut y avoir d'organisation sauvage en dehors du respect de la loi". Ces distributions, assurées principalement par L'Auberge des migrants, Salam et Utopia 56, le seront "d'ici 15 jours par les associations qui travaillent déjà avec nous". Les associations sont aussi dans le collimateur de la maire de Calais, qui réclame à l'Etat de "prendre en charge les migrants".

Riposte d'Utopia 56: "C'est grave et infondé, à la limite elles nous accuse de fournir des armes... On essaie de nous faire passer pour des activistes (...) alors que nous pallions juste la politique de non-accueil des autorités françaises", a réagi auprès de l'AFP son fondateur Yann Manz

S/AFP/AFRICSOL

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