PROCES Nicolas Sarkozy et treize autres prévenus sont jugés, jusqu'au 22 juin, pour une vaste escroquerie liée aux comptes de campagne de l'élection présidentielle de 2012

 
 

Devant la 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris,

A force de planquer devant son domicile du 16e arrondissement de Paris, les photographes connaissent les lieux par cœur. Ce jeudi matin, armés de gros objectifs, ils se sont donc placés stratégiquement à l’entrée de l’impasse. Et, sans difficulté, ils ont pu photographier Nicolas Sarkozy en train de monter dans son automobile. Mais l’ancien chef de l’État n’est jamais arrivé au tribunal judiciaire de Paris où il était pourtant attendu. Et personne ne sait où il s’est rendu.

C’est donc sans lui que le procès de l’affaire dite « Bygmalion » s’est  ouvert devant la 11e chambre peu après 13h30. Renvoyé pour le seul délit de « financement illégal de campagne électorale », Nicolas Sarkozy est celui des quatorze prévenus qui risque le moins dans ce dossier : un an de prison ferme et 3.750 euros d’amende. Et, à ce titre, il peut tout à fait se faire représenter par son avocat au long de cette audience, prévue pour durer jusqu’au 22 juin.

Sarkozy accusé d’avoir dépensé 42,8 millions d’euros

Évidemment, l’ancien chef de l’État a bien fait savoir qu’il se tenait « à la disposition de la justice » dès qu’elle le jugerait utile. Mais il a laissé Thierry Herzog, son conseil historique, commencer à contester devant le tribunal les accusations dont il fait l’objet. L’avocat a demandé que son client soit immédiatement blanchi au motif qu’il a déjà été sanctionné par le Conseil constitutionnel pour avoir dépassé le plafond des dépenses autorisées pour un candidat à l’élection présidentielle de 2012.

Surtout, il a estimé que l’ordonnance le renvoyant était entachée d’une irrégularité, Nicolas Sarkozy n’ayant jamais été avisé, au cours de l’instruction, du montant exact des dépenses qu’on lui reproche. Désormais, tout le monde le sait. Selon l’accusation, le candidat de la droite a utilisé 42,8 millions d’euros pour tenter de se faire élire alors qu’il ne pouvait en dépenser que 22,509 millions d’euros.

Dans le vif du sujet à partir de mardi prochain

C’est tout l’objet de cette affaire. Anciens cadres de l’UMP, responsables de la campagne et dirigeants de la société Bygmalion chargée d’organiser les meetings : tous sont soupçonnés d’avoir monté un système de fausses factures afin de dissimuler le dérapage des dépenses qui n’a pas permis à Nicolas Sarkozy de battre François Hollande à la présidentielle de 2012.

Si Jérôme Lavrilleux, qui était directeur adjoint de la campagne, a reconnu l’escroquerie, les treize autres prévenus la contestent vigoureusement et se rejettent la responsabilité. Dès le début de l’audience, comme il est d’usage, leurs avocats ont développé des recours afin de tenter de torpiller l’instruction dont ils ont fait l’objet. Cela devrait se poursuivre ce vendredi, avant que le procès n’entre dans le vif du sujet, à partir de mardi prochain.

Le tribunal devrait commencer par interroger les anciens responsables de la société Bygmalion sur cette fraude. Comme tous les autres prévenus, à l’exception notable de Nicolas Sarkozy, ils encourent cinq ans de prison.

S/2OM/Africsol

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