Le groupe de rock Wolf Alice a déjoué les pronostics jeudi soir, en remportant le prestigieux Mercury Prize britannique pour son deuxième album "Visions of a Life", devant des poids lourds comme Arctic Monkeys ou Noel Gallagher.

Créé en 1992, le Mercury Prize récompense le meilleur album par un artiste britannique ou irlandais. Dans le palmarès on retrouve notamment PJ Harvey, Alt-J, Portishead, Arctic Monkeys, The xx ou encore Franz Ferdinand.

"Cela représente tellement" pour le groupe, s'est émue au micro, stupéfaite, la chanteuse de 26 ans Ellie Rowsell, en recevant ce prix. Il s'accompagne d'une récompense de 25.000 livres (28.000 euros) et donne généralement un coup de fouet aux ventes de l'album distingué.

Aucun groupe de rock ne l'avait remporté depuis six ans. Deux artistes étaient cette année donnés favoris: l'auteure-compositrice-interprète Nadine Shah, avec son album pro-immigration "Holiday Destination", et le groupe de jazz Sons of Kemet

En 2017, le prix avait récompensé Sampha, sensation de la soul britannique, qui l'avait emporté face à des artistes bien plus célèbres comme Ed Sheeran ou The xx.

Originaire du nord de Londres et fondé en 2010 par Ellie Rowsell et le guitariste Joff Oddie, Wolf Alice était au départ un duo folk, avant de devenir un quatuor de rockers.

Le groupe avait déjà été nominé une première fois au Mercury Prize en 2015 pour son premier album, "My Love Is Cool". Mais il avait été coiffé au poteau par le chanteur Benjamin Clementine.

Salué par la critique, son nouvel opus s'est classé numéro deux en Grande-Bretagne lors de sa sortie en septembre.

La cérémonie, qui se déroulait au Hammersmith Apollo, célèbre salle de concert de Londres, s'est ouverte par une puissante performance de Florence + The Machine sur "Hunger", le deuxième titre de l'album "High as Hope". Sons of Kemet a ensuite grisé la foule avec le jazz électrisant et politique de son album anti-monarchie "Your Queen is a Reptile".

- Poids lourds et jeunes talents -

Vêtue de noir et intense, Nadine Shah a elle interprété la chanson "Out the way", terminant, tout comme le public, au bord des larmes. Fille d'un immigré venu du Pakistan, la chanteuse met à profit son expérience personnelle pour explorer des thèmes comme la xénophobie et l'immigration, et clôt l'un de ses titres avec des cris de ralliement enregistrés lors d'une manifestation pour les réfugiés.

"Je voulais être très directe et je voulais que les gens soient conscients du contexte de l'album", avait-elle expliqué à la BBC avant la cérémonie.

Egalement nominés, les Arctic Monkeys ont défendu "Tranquility Base Hotel & Casino", sixième album studio salué par la critique pour son aspect novateur. De retour sur le devant de la scène, Lily Allen a elle entonné l'émouvant titre "Apples", issu de son album "No Shame".

Noel Gallagher, l'ancien guitariste-compositeur d'Oasis, un des groupes phares de la Britpop des années 90, était nominé pour son 3e album "Who Built the Moon?" avec sa formation "Noel Gallagher’s High Flying Birds", mais est reparti les mains vides.

Parmi les 12 artistes nominés figuraient aussi d'autres espoirs de la scène britannique: la révélation soul Jorja Smith, pour son premier opus "Lost & Found", et le chanteur King Krule, un autre favori, pour "The Ooz", un album déroutant mêlant de nombreuses influences punk, rock ou hip-hop.

"Cette année, le Mercury Prize célèbre les albums de musiciens à toutes les étapes de leur carrière, mais ils partagent la conviction que la musique est importante pour naviguer parmi les défis de la vie", avaient souligné, avant la remise du prix, les 12 "juges", des personnalités des médias et de la musique.

S/AFP/AFRICSOL

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