Le chef de l'État se rend en Côte d'Ivoire jusqu'à dimanche, notamment pour fêter Noël avec les troupes présentes sur place.

Un voyage loin des tensions sociales françaises, bienvenu pour Emmanuel Macron. Comme le veut la tradition, le chef de l'État fêtera Noël avec des soldats français déployés à l'étranger, ce vendredi. Cette année, le déplacement se fera en Côte d'Ivoire, un pays avec lequel Paris veut resserrer les liens dans la lutte contre le terrorisme. 

  • Pourquoi la Côte d'Ivoire ?

Après le Niger en 2017 et le Tchad en 2018, le chef de l'État rend donc visite aux Forces françaises en Côte d'Ivoire (FFCI), le deuxième contingent de troupes prépositionnées en Afrique après celui de Djibouti. Ces forces servent actuellement d'appui aux troupes luttant contre les groupes djihadistes au Sahel. Emmanuel Macron s'entretiendra d'ailleurs avec des militaires ayant participé à l'opération dans laquelle sont morts 13 soldats en novembre au Mali.  

La situation au Sahel, qui inquiète fortement à Paris, sera l'un des fils rouges de ce déplacement : le président de la République fera une courte étape dimanche au Niger, pour en parler avec le président Mahamadou Issoufou, avant le sommet prévu en France le 13 janvier avec les dirigeants de cinq pays sahéliens.  

La visite de d'Emmanuel Macron intervient enfin dans un contexte politique tendu en Côte d'Ivoire, à dix mois de la prochaine présidentielle, et près de dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3000 morts. "La Côte d'Ivoire est un partenaire fondamental de la France en Afrique", affirme l'Élysée, car "aujourd'hui, l'équilibre de l'économie sahélienne et des mouvements de population (en Afrique de l'Ouest) repose très largement sur la stabilité politique et économique" de ce pays. 

  • Quel est le programme ?

Afin de respecter une coutume désormais bien ancrée, Emmanuel Macron partagera tout d'abord le dîner de Noël, préparé par le chef de l'Élysée, Guillaume Gomez, avec un millier de militaires sur la base militaire de Port-Bouët, près de l'aéroport d'Abidjan, où il doit atterrir en fin d'après-midi ce vendredi.  

Ayant également fait de la jeunesse et du sport des priorités de cette visite diplomatique, Emmanuel Macron se rendra samedi à Koumassi, une commune populaire proche d'Abidjan, pour inaugurer des infrastructures sportives, en compagnie du footballeur Didier Drogba, ex-idole de l'Olympique de Marseille et de Chelsea. Sa délégation comptera aussi parmi ses membres le chanteur Vegedream, rapporte le Huffpost. Le rappeur est particulièrement populaire depuis sa chanson Ramenez la coupe à la maison, sortie à l'été 2018 à l'occasion de la Coupe du monde de football. Le Président a également convié l'écrivain Gauz et la chanteuse Mata Gabin, tous deux nés en Côte d'Ivoire.  

Un débat avec 300 étudiants dans le domaine de la santé est aussi prévu samedi, pour évoquer la lutte contre le sida et les pandémies. Une douzaine d'autres accords devraient être discutés pour "renforcer le partenariat économique" avec la Côte d'Ivoire, où vivent quelque 22 000 Français, dont la moitié de binationaux, selon l'Élysée. Au cours des discussions, le président ivoirien Alassane Ouattara pourrait soulever la question d'une réforme du franc CFA, demandée par de nombreux économistes africains, et à laquelle le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui sera présent à Abidjan, s'est dit ouvert. 

 

Emmanuel Macron et son homologue ivoirien relanceront également le chantier, en panne, de l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme. Parallèlement, les pays d'Afrique de l'Ouest seront en sommet samedi au Nigeria pour réfléchir à une monnaie commune sur le modèle de l'euro, déjà actée sur le principe.  

  • Quelle est la relation entre les deux pays ?

La Côte d'Ivoire a longtemps été le meilleur allié de la France en Afrique, notamment pendant le règne (1960-1993) de Félix Houphouët-Boigny, le "père de l'indépendance".  

Mais les relations entre Paris et son ex-colonie sont devenues orageuses sous la présidence de Laurent Gbagbo (2000-2011) - marquée par l'éclatement d'une rébellion et une intervention militaire française - avec le développement d'un sentiment antifrançais au sein d'une partie de la population. Pour soigner ces blessures, les deux chefs d'État présideront dimanche une cérémonie en hommage aux neuf soldats français tués en 2004 à Bouaké, la deuxième ville du pays. 

"Il y a eu des hauts et des bas dans la relation franco-ivoirienne, mais aujourd'hui elle est au beau fixe", a assuré Sidi Touré, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ivoirien. Lors de son discours de Ouagadougou en 2017, Emmanuel Macron avait dessiné la ligne de la relation que Paris voulait désormais entretenir avec le continent, assurant qu'il n'y avait "plus de politique africaine de la France". Loin de la Françafrique, donc. 

S/LEXPRESS.FR/AFRICSOL

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