Le Mali accuse la France de violer sa souveraineté et de soutenir des groupes jihadistes, alors que les derniers soldats français viennent justement de quitter le pays après avoir passé neuf ans à les combattre. Des accusations qui s'inscrivent dans une série d'attaques verbales du gouvernement de transition malien , désormais soutenu par la Russie et les paramilitaires de Wagner.

Le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU une réunion d'urgence pour faire cesser ce qu'il présente comme « les actes d'agression » de la France. Le gouvernement malien accuse Paris de violer sa souveraineté, en apportant, selon lui, son soutien aux groupes jihadistes et d'espionnage.

Le ministère malien des Affaires étrangères a diffusé mercredi auprès de journalistes une lettre en ce sens adressée par le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité. Le Mali « se réserve le droit de faire usage de la légitime défense » si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.

« VIOLATIONS » DE L'ESPACE AÉRIEN

La lettre est datée du 15 août, date du départ du dernier soldat français au Mali après neuf ans d'engagement contre les jihadistes. La junte au pouvoir au Mali depuis le putsch d'août 2020 s'est détournée de la France et de ses alliés pour se tourner vers la Russie.

Abdoulaye Diop dénonce dans cette lettre les « violations répétitives et fréquentes » de l'espace aérien national par les forces françaises et les vols d'appareils français, lesquels se livreraient selon lui à « des activités considérées comme de l'espionnage » et des tentatives « d'intimidation ».

Les autorités maliennes affirment disposer « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l'espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », selon ce texte.

MANIPULATIONS

Selon le média Jeune Afrique, qui a révélé l'information, Assimi Goïta, le président de transition malien, avait déjà formulé ce type d'accusations en janvier et avril dernier. C'était alors après la découverte du charnier de Gossi. Des corps enterrés près d’un camp militaire rendu par l'armée aux forces maliennes avaient été découverts. Paris avait révélé avoir filmé des mercenaires du groupe russe Wagner en train d'enterrer ces corps, pour accuser la force Barkhane.

Les autorités françaises n'ont pas réagi à ces nouvelles accusations. Le Mali « invite » le Conseil de sécurité à œuvrer pour que la France « cesse immédiatement ses actes d'agression » et demande à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité en vue d'une réunion d'urgence.

S/Marianne/Africsol

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