L’élection présidentielle du 3 novembre s’annonce extraordinairement tendue dans une Amérique divisée, inquiète, traversée de secousses, et fragilisée par la pandémie.

 

Enferré dans la nostalgie de la victoire de 2016, critiqué jusque dans son camp pour sa réaction brouillonne face au Covid-19, Donald Trump, en quête d’un second mandat, est dans une mauvaise passe. Il ne reste plus que 100 jours au tempétueux président américain pour inverser la tendance.

L’élection présidentielle du 3 novembre s’annonce extraordinairement tendue dans une Amérique divisée, inquiète, traversée de secousses, et fragilisée par la pandémie qui y a fait plus de 140.000 morts. Le milliardaire républicain, à la traîne dans tous les sondages, redoute une humiliante défaite qui ferait de lui le premier président d’un seul mandat depuis plus d’un quart de siècle.

Affaibli par la crise du coronavirus

La pandémie a considérablement affaibli le locataire de la Maison Blanche, mal à l’aise dans l’exercice de la gestion de crise. Elle a été pour lui une occasion ratée : celle de se poser en capitaine de navire fiable par gros temps. Selon un sondage ABC news, deux tiers des Américains désapprouvent sa réponse face au coronavirus.

« Je ne suis pas en train de perdre, les sondages sont bidon » : derrière les formules-choc, Donald Trump, conscient que l’échéance de novembre se présente mal, cherche les ajustements. Il a changé de directeur de campagne et a effectué, en début de semaine, un virage – tardif – sur le Covid-19, reconnaissant, après des semaines de déni, que la situation allait « empirer avant de s’améliorer ».

De mauvais sondages

« Donner l’exemple est très important », a-t-il affirmé jeudi soir, annonçant l’annulation de la grande convention républicaine ouverte au public prévue à Jacksonville en Floride. Le ton est désormais plus présidentiel. S’y tiendra-t-il ? Si l’on se fie aux quelque 1.300 jours qu’il vient de passer à la Maison Blanche, il est permis d’en douter.

Les chiffres ne sont, pour le moment, pas rassurants pour l’ancien homme d’affaires de New York. Selon la moyenne des sondages nationaux établie par le site RealClearPolitics, Joe Biden a, depuis plus de six semaines, une avance sur Donald Trump de 8 à 10 points de pourcentage.

Au Texas, Etat dans lequel aucun démocrate ne s’est imposé depuis Jimmy Carter en 1976 et où Donald Trump l’a largement emporté en 2016, les deux candidats sont au coude-à-coude. Or avec ses 38 grands électeurs, cet Etat du sud pèsera très lourd à l’heure du décompte.

Pas de projet et de vision pour les quatre années à venir

Autre difficulté pour Donald Trump : il peine à articuler son projet, et une vision, pour les quatre années à venir. Il s’appuie, pour l’heure, sur une formule « La loi et l’ordre », et promet la fermeté face à des pics de violence dans plusieurs grandes villes américaines. Ses détracteurs l’accusent d’essayer de détourner l’attention. Et rappellent qu’à l’approche de chaque échéance électorale – présidentielle en 2016, mi-mandat en 2018, Donald Trump a joué la même carte.

Aux incertitudes sur une campagne en tous points hors-norme, s’ajoutent celles sur le déroulement du scrutin. Depuis plusieurs semaines, Donald Trump martèle, sans preuves, que le vote par correspondance, appelé à prendre une place plus importante cette année en raison du Covid-19, pourrait engendrer une fraude massive. S’engage-t-il à accepter le résultat des élections ? Interrogé dimanche sur Fox News sur ce thème, il est resté évasif. « Je verrai », a-t-il simplement répondu…

S/24M/Africsol

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