Le mardi 19 avril, un oligarque russe se serait pendu dans sa villa en Espagne juste après avoir tué sa famille à la hache. Depuis fin janvier, six hommes d’affaires russes sont décédés dans des circonstances troubles. Leurs proches réfutent la thèse d’un suicide.

« Mon père n'est pas un meurtrier. Il aimait ma mère, et surtout Maria, ma sœur. Elle était sa princesse. Il n’aurait jamais pu leur faire du mal. Je ne sais pas ce qu’il s'est passé cette nuit-là, mais je sais que mon père n’aurait jamais fait ça », a déclaré Fedor Protosenya dans un entretien accordé au Daily Mail et repris par le site ukrainien Obozrevatel.

Le 19 avril dernier, son père, Sergey Protosenya, ancien directeur général de Novatek, numéro 2 du gaz russe, était retrouvé pendu dans sa villa espagnole à Lloret de Mar. Les corps de sa femme et de sa fille de 18 ans sont aussi découverts, elles auraient été battues puis manifestement tuées à l'arme blanche. La veille, ce sont les corps sans vie de Vladislav Avaev, l’ancien président de la banque russe Gazprom, de sa femme alors enceinte, et de leur fille de 13 ans, qui sont découverts par la police à Moscou. Le 24 mars 2022, le média russe Kommersant annonce le décès du dirigeant de l’entreprise d’équipement médical Medstorm, Vasily Melnikov, aux côtés de sa femme et de ses deux fils.

Une étrange série de décès qui remonte jusqu'à janvier. Le 28 février, le milliardaire russe Mikhail Watford, ayant fait fortune dans le pétrole et le gaz, est retrouvé pendu dans son garage de la banlieue londonienne. Trois jours plus tôt, le décès par pendaison d’un cadre de Gazprom, Alexander Tyulyakov à proximité de Saint-Pétersbourg est annoncé. Enfin, fin janvier 2022, le haut cadre de Gazprom Leonid Shulman est le premier oligarque russe retrouvé mort dans sa salle de bain près d’une lettre évoquant un suicide.

« JE PENSE QU'IL A ÉTÉ TUÉ »

Alors que certains s’interrogent sur un possible lien entre ces six décès inexpliqués dans un contexte de tensions majeures, de plus en plus de voix s’élèvent pour réfuter la thèse du suicide de ces hommes d’affaires. À commencer par l’ancien vice-président de Gazprombank, Igor Volobuev, qui a donné une interview au média ukrainien Liga.net ce mardi 26 avril. Il y explique notamment avoir fui la Russie pour défendre l’Ukraine début mars, et ne manque pas de mentionner les décès successifs des hommes d’affaires russes : « Il est difficile de croire qu'Avaev a tiré sur sa fille de 13 ans, sa femme et s'est suicidé. À mon avis, c'est un suicide mis en scène. Je pense qu'il a été tué. »

Plus loin, il fait part de ce qu'il considère être une terrible coïncidence. Peu de temps avant le décès de Vasily Avaev, le directeur exécutif de Gazprombank a annoncé sa démission pour protester contre la Guerre en Ukraine, le 31 mars 2022. Or, Igor Volobuev précise qu’à la suite de cette démission, Vasily Avaev a « déclaré publiquement qu’il ne pouvait plus travailler avec Andrey Akimov et Alexey Millier [directeurs généraux de Gazprombank]. » Et de conclure « vous, qui travaillez dans les médias vous devriez comprendre pourquoi il a été tué ».

DES COÏNCIDENCES

Même son de cloche chez le média russo-norvégien The Barrents Observer, qui a publié un article, ce lundi 25 avril estimant que la piste des suicides successifs semblait suspecte pour plusieurs raisons. « Deux des décès [celui de Mikhail Watford et d’Alexander Tyulyakov] surviennent après le discours historique de Vladimir Poutine le 13 mars, dans lequel il met en garde contre les "cinquièmes journalistes" et les "traîtres nationaux" ».

Le chef du Kremlin avait en effet déclaré : « Je ne condamne pas ceux qui ont des villas à Miami ou sur la Côte d'Azur, qui ne peuvent pas vivre sans foie gras, sans huîtres ou sans soi-disant libertés de genre. Le cœur du problème est plutôt, que bon nombre d’entre eux sont mentalement situés là-bas et non ici, avec notre nation, la Russie ». Et d’insister : « de telles personnes sont prêtes à trahir leur mère patrie ».

S/Mariane/Africsol

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