Carola Rackete, la jeune capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3, avait été arrêtée samedi dans la nuit après avoir accosté de force à Lampedusa, en Italie, pour débarquer les migrants qu'elle avait secourus.

Carola Rackete, la capitaine allemande du navire humanitaire Sea-Watch 3, s'est confiée sur les raisons pour lesquelles elle a décidé d'accoster sur l'île de Lampedusa malgré le refus des autorités italiennes. Dans un entretien accordé à L'Obs ce lundi, Carola Rackete assure "si c’était à refaire, je le referais".

"J’ai souffert du fait que les autorités européennes nous aient abandonnés", a déploré la capitaine du bateau âgée de 31 ans, évoquant le cas de la France.

"L’Italie, bien sûr, mais aussi Malte, la France. Nous avions contacté le port de Marseille pour savoir si nous pouvions accoster. La demande a été transmise au préfet, jusqu’au président de la République, m’a-t-on dit. Mais personne n’est jamais revenu vers nous. En Allemagne, plusieurs villes ont proposé de nous accueillir mais le ministre de l’Intérieur a refusé."

"Ce n’est pas un accident si ces gens meurent"

Carola Rackete, qui avait été arrêtée après avoir accosté de force la semaine dernière sur l'île italienne de Lampedusa, regrette que "l’Union européenne (ait) décidé de ne rien faire". "Ce n’est pas un accident si ces gens meurent. C’est une décision politique. Non seulement l’UE regarde mais elle soutient les garde-côtes libyens. C’est un drame", vitupère cette jeune femme à l'Obs.

La capitaine soutient également: "Ce que nous faisons avec nos bateaux de sauvetage est nécessaire. Non seulement les gouvernements européens ont arrêté de prendre en charge ces missions mais en plus ils criminalisent les ONG qui prennent le relais. Leur argument est que nous incitons à la traversée. Mais ce n’est pas vrai ! Quand les navires de sauvetage ne sont plus là, il n’y a pas moins de tentatives de traversée. Il y a juste plus de morts".

L'un des avocats de Carola Rackete avait annoncé vendredi que sa cliente allait porter plainte pour diffamation contre le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui s'est déchaîné contre la jeune femme.

Jeanne Bulant

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