Joe Biden devrait à la fois voir son élection à la Maison Blanche confirmée, mais il pourrait aussi voir s'éloigner la perspective d'une majorité au Congrès.
 

La semaine politique s'annonce dense et explosive outre-Atlantique. Elle a débuté dès ce dimanche avec la prise de fonctions du nouveau Congrès à Washington, dans une ambiance électrisée par le suspense autour de la majorité au Sénat, qui se jouera lors de deux élections mardi, et par la promesse d'une séance mouvementée, mercredi, qui ancrera dans le marbre la victoire de Joe Biden à la présidentielle.

Dans la foulée, la démocrate Nancy Pelosi a été réélue de justesse présidente de la Chambre des représentants. Principale opposante à Donald Trump, elle a été reconduite comme "speaker" pour les deux années à venir, malgré les réticences de certaines voix à la gauche de son parti.

L'élue de Californie a obtenu 216 voix contre 209 pour son rival républicain Kevin McCarthy. Tous les élus républicains présents ont voté pour ce dernier, tandis que cinq élus démocrates n'ont pas donné leur vote à Pelosi.

Mais si les démocrates ont gardé au niveau national le contrôle de la Chambre des représentants malgré une avance qui s'est étiolée, une double élection sénatoriale pourrait plonger le mandat à venir de Joe Biden dans l'inconnu.

Mardi, le Sénat peut basculer

Mardi, à la suite de cette première formalité, ce sont effectivement deux élections capitales qui attendent la Géorgie, où le suspens avait déjà été insoutenable lors de la présidentielle du 3 novembre. En plus du prochain locataire de la Maison Blanche, les Américains étaient alors appelés à voter pour leurs élus au Congrès. Or, aucun des candidats aux deux sièges de la Géorgie pour le Sénat n'est parvenu à l'emporter.

Dans le premier scrutin, le sénateur républicain sortant David Perdue ainsi que son adversaire démocrate Jon Ossoff ont tout deux obtenu moins de 50% des voix. Dans le second scrutin, la républicaine Kelly Loeffler, le démocrate Raphael Warnock, ainsi qu'un second candidat républicain, Doug Collins, n'ont pas non plus atteint la majorité.

L'équation est simple. Pour l'heure, les républicains ont engrangé 50 sièges au Sénat, contre 48 pour les démocrates. Si Perdue ou Loeffer l'emportent, la chambre haute resterait sous contrôle des républicains, une situation qui rendrait extrêmement délicate la gouvernance de Biden, puisque ce dernier devra courtiser les sénateurs républicains centristes à chaque loi ou nomination, limitant grandement sa marge de manœuvre.

En revanche, si Ossoff et Warnock l'emportent, alors l'égalité est totale. Le cas échéant, il appartiendra alors à la future vice-présidente, la démocrate Kamala Harris, de trancher logiquement en faveur de sa famille politique, offrant à Joe Biden une majorité.

Nouvelle campagne pour Trump et Biden

C'est donc assez logiquement que les acteurs de la dernière présidentielle se retrouvent de nouveau dans l'arène électorale. Ce lundi, Trump et Biden se déplacent en Géorgie pour soutenir leurs candidats, au lendemain de la diffusion d'un enregistrement du milliardaire républicain, dans lequel il exhorte un responsable électoral de "recalculer" les résultats de novembre et de faire basculer l'État en sa faveur. Car à ce jour, Donald Trump refuse toujours de reconnaître sa défaite.

Pour soutenir les républicains, le président américain donnera ce lundi soir ce qui devrait être son dernier grand meeting avant de quitter la Maison Blanche le 20 janvier. Le milliardaire devrait être reçu en héros à Dalton, dans une circonscription rurale et conservatrice du nord-ouest de la Géorgie.

Le bras droit de Donald Trump, Mike Pence, sera lui dans une région rurale du Sud, tandis que Joe Biden sera lui à Atlanta, capitale de l'État. Si les sondages donnent les candidats au coude-à-coudre, les républicains partent favoris dans cet État conservateur. Les démocrates s'appuient toutefois sur la victoire le 3 novembre de Joe Biden, une première en Géorgie depuis 1992, pour y croire.

Mercredi, guerre des tranchées au Congrès

Mercredi, retour au Congrès, ou les représentants des deux chambres doivent procéder, de manière conjointe, au décompte des votes du collège électoral et entériner la victoire de Joe Biden. Cet événement, d'ordinaire une formalité administrative, pourrait bien se transformer cette année en une féroce guerre des tranchées.

Si certains poids-lourds républicains, dont le chef des sénateurs Mitch McConnell, ont fini par admettre la victoire de Joe Biden, le président sortant peut encore compter sur le soutien indéfectible de dizaines de parlementaires. À la Chambre comme au Sénat, ces élus ont promis d'exprimer leurs objections mercredi, et de faire résonner au sein-même du Capitole les accusations de fraude portées par Donald Trump, même si elles n'ont pour l'heure n'ont été étayées par aucune preuve.

Leurs interventions n'ont toutefois aucune chance de faire dérailler le processus mais pourraient le ralentir. "Ça ressemble plus à une manoeuvre politique qu'à un remède efficace", a dénoncé leur confrère Lindsey Graham, pourtant un fidèle parmi les fidèles du président, dans des propos repris par l'AFP.

Début du mandat le 20 janvier

En fonction du nombre d'objections, les délibérations du Congrès pourraient finalement se conclure jeudi matin, souligne CNN: la chaîne rappelle que la Chambre des représentants et le Sénat doivent débattre de manière séparée dans un temps imparti de deux heures avant de tenir un vote.

Si, comme la logique le voudrait, Joe Biden est confirmé dans son rôle de 46e président des États-Unis, il prêtera serment le 20 janvier prochain, lors d'une cérémonie réduite à son plus strict minimum en raison des conditions sanitaires.

S/BFM/AFRICSOL

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