Les mises en examen et condamnations de militaires pour espionnage au profit d’une puissance étrangère sont rares en France, inférieures à une dizaine depuis la Guerre froide.

Deux ex-agents des services secrets français ont été mis en examen pour intelligence avec une puissance étrangère, a confirmé vendredi la ministre française des Armées. Ils sont soupçonnés d'avoir travaillé pour les autorités chinoises, selon une source proche du dossier.

- En décembre 2001, un officier détaché à l'OTAN, le commandant de l'armée de terre Pierre-Henri Bunel, est condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, pour trahison au profit des Serbes de Yougoslavie. Il leur a remis entre juillet et octobre 1998 des documents classifiés secret-défense sur les frappes aériennes prévues par l'OTAN en Yougoslavie en cas de non-retrait des troupes serbes du Kosovo. Lors de son procès il dit avoir voulu éviter un bain de sang. Il bénéficie d'une libération conditionnelle au printemps 2002. En 2013, il est décoré par le président serbe, Tomislav Nikolic, "pour avoir commis un acte héroïque" en remettant ces documents.

- Le 7 novembre 1987, un sous-officier de l'armée de l'air à la retraite, Bernard Sourisseau, est condamné à six ans de prison pour espionnage au profit de l'URSS. Il avait fourni pendant plusieurs années des informations sur les installations militaires françaises en Bretagne. Son arrestation en janvier 1986 avait été suivie de l'expulsion de quatre diplomates soviétiques. En riposte, l'URSS avait expulsé quatre diplomates français.

- Le 8 juin 1984, un ancien lieutenant-colonel de l'armée de l'air, Bernard Godefroy, est inculpé ainsi que deux autres personnes, d'intelligence avec une puissance étrangère à la suite de la livraison à des agents soviétiques de documents concernant l'industrie aéronautique. Il décède peu avant son procès.

- Le 12 juillet 1978, la Cour de sûreté de l'Etat condamne à huit ans de réclusion Georges Beaufils, ancien colonel des FTP pendant la Seconde Guerre mondiale, pour intelligence avec des agents de renseignement soviétiques entre 1965 et 1975. Il bénéficie en 1981 d'une grâce présidentielle.

- Le 17 septembre 1974, un sergent de l'armée de l'air, Michel Lavopot, accusé d'avoir dérobé des documents secrets au Service de documentation et de contre-espionnage (SDECE) et soupçonné d'avoir voulu les vendre à un pays de l'Est, est condamné à 10 ans de détention criminelle par la Cour de sûreté de l'Etat.

Par ailleurs, deux hauts-fonctionnaires français de l'OTAN ont été impliqués dans des affaires d'espionnage:

- Le 19 janvier 1971, Francis Roussilhe, fonctionnaire du secrétariat international de l'OTAN, accusé d'avoir livré quelque 12.000 documents à un agent roumain, est condamné à 20 ans de réclusion. En 1978, il bénéficie d'une mesure de libération conditionnelle.

- Le 7 juillet 1964, Georges Paques, directeur-adjoint des services de presse de l'OTAN, est condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir fourni des renseignements militaires sur la France et l'OTAN à l'URSS. Cette peine fut réduite en 1968 à vingt ans. Deux ans plus tard, Georges Paques a bénéficié d'une libération conditionnelle.

S/AFP/AFRICSOL

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