Nicolas Sarkozy est jugé pour corruption et trafic d’influence à compter de ce lundi 23 novembre. Il encourt dix ans de prison pour avoir “envisagé” de pistonner un magistrat en échange de tuyaux sur la Cour de cassation. Mais “songer” faire quelque chose, est-ce déjà commettre une faute ?

C’est d’abord un procès historique. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, un ancien président va emprunter l’Escalator du nouveau Palais de justice de Paris. L’appareil mécanique a remplacé les marches de l’ancien tribunal mais exerce la même fonction : faire monter les prévenus jusqu’à leur salle d’audience et les livrer, le temps de cette élévation, à une forêt de caméras qui immortaliseront la scène. Ce procès « Bismuth » est aussi un procès à quitte ou double. Dans les trois affaires où il est aux prises avec la justice, Nicolas Sarkozy plaide la relaxe, que ce soit devant les juges ou devant l’opinion. S’il gagne cette première manche, l’ancien président pourra donner corps à sa dénonciation d’un acharnement judiciaire, et il abordera la suite en position de force. Si, en revanche, il devait être condamné, c’est dos au mur qu’il devra affronter ses deux autres échéances, le procès Bygmalion, au printemps prochain, et l’affaire libyenne, dans laquelle il vient d’être mis en examen pour association de malfaiteurs. C’est dire si dans son entourage, où l’on qualifie ce procès « Bismuth » de « dossier de corne cul » on mesure l’énorme enjeu de ce procès.

ENQUÊTE HORS NORME

Aux côtés de Nicolas Sarkozy, deux hommes vont répondre de trafic d’influence et de corruption : son avocat, Me Thierry Herzog, et un ancien avocat général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert. Ce dernier est soupçonné d’avoir espionné et tenté d’influencer ses collègues pour le compte de l’ancien président. En contrepartie, Azibert aurait noué un « pacte de corruption », Nicolas Sarkozy ayant accepté de lui donner un coup de pouce pour qu’il obtienne un poste à Monaco. Malgré des investigations pharaoniques, l’enquête ne démontre aucune intervention précise de l’ancien président, et Gilbert Azibert n’a jamais été nommé en principauté, mais les juges d’instruction Patricia Simon et Claire Thépaut estiment qu’il « suffit qu’un pacte ait été conclu en ce sens pour que les infractions soient caractérisées ».

Leur enquête hors norme commence au début de 2014, quand, à la suite des écoutes téléphoniques visant l’ancien président lancées en septembre 2013 dans le cadre de l’affaire libyenne.

S/MARIANNE/AFRICSOL

 

 
 

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