Dans un communiqué du ministère des Armées publié ce 3 juin, la France a annoncé la suspension de sa collaboration militaire avec le Mali. La décision concerne notamment les opérations militaires concertées dans le cadre de Barkhane. Une manière pour Paris de mettre la pression sur le colonel putschiste Assimi Goïta pour qu’il nomme au plus vite un gouvernement dirigé par des civils.

La pression augmente sur le colonel (doublement) putschiste, Assimi Goïta. S’appuyant sur les décisions récentes de la Cédéao, et de l’Union africaine qui ont décidé de suspendre le Mali de leurs instances dirigeantes, Paris a annoncé dans un communiqué du ministère des Armées ce jeudi 3 juin vouloir mettre fin à sa collaboration militaire avec Bamako. La décision concerne à la fois les opérations militaires concertées dans le cadre de Barkhane mais aussi la coopération entre les deux armées, la France envoyant régulièrement des officiers pour la formation des militaires maliens.

« Des exigences et des lignes rouges ont été posées » par des instances africaines pour « clarifier le cadre de la transition politique au Mali », a ainsi expliqué le ministère français des Armées. « Il revient aux autorités maliennes d'y répondre rapidement ». « Dans l'attente de ces garanties, la France (...) a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit », a précisé le communiqué. Autrement dit les forces de Barkhane vont devoir travailler seules pour un temps. « On va retirer tous nos officiers planification et programmation dans l’état-major des forces armées maliennes ainsi que nos officiers de liaison dans l’armée de terre et la DGSE », précise à RFI une source militaire française. Pour l’armée malienne aux prises avec les djihadistes, cela signifie aussi concrètement des missions qui se feront désormais sans appui aérien français, ni drones, donc sans renseignement.

UNE DÉCISION À DOUBLE TRANCHANT

L’objectif avoué de cette annonce ? Faire que le colonel putschiste Assimi Goïta, redonne au plus vite le pouvoir politique au monde civil. Mais cela aura-t-il l'effet escompté ? Les risques sont grands aussi de radicaliser la position du colonel Goïta qui a déjà fait savoir qu’il nommerait comme premier ministre quelqu'un ayant le profil de Choguel Maïga, membre du M5. Ce mouvement a été montré du doigt pour avoir précipité la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.

Choguel Maïga est par ailleurs connu pour ses rapports étroits vec le très influent imam conservateur Mahmoud Dicko, lui-même favorable à l'ouverture d'un dialogue avec le futur président auto-proclamé. Or ce dialogue, que veut absolument éviter la France, a de quoi inquiéter : Mahmoud Dicko est en effet soupçonnné de vouloir instaurer une République islamique au Mali. Si un tel homme arrivait dans les sphères du pouvoir malien, Emmanuel Macron mettra-t-il alors à exécution ses menaces proférées dans le JDD du dimanche 31 mai ? « L’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !” Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerai »,  avait annoncé le président français. La suite des événements ne devrait pas tarder à nous offrir la fin du scénario : selon des rumeurs insistantes, le colonel Goïta devrait prêter serment devant la Cour suprême du Mali ce lundi 7 juin, avant de signer le décret de nomination du futur premier ministre. Pendant tout ce temps-là, islamistes et djihadistes de tout bord dans la région se frottent les mains...

S/MARIANNE/Africsol

 

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