Transféré de Rennes à Chelsea pour 25 millions d’euros, le gardien des Lions de la Teranga a vécu des moments difficiles dans sa carrière.

 

Mardi 29 septembre, le gardien Edouard Mendy a disputé, face au club anglais Tottenham, son premier match sous les couleurs de Chelsea. L’écurie londonienne s’est délestée de 25 millions d’euros pour acheter ce géant de 1,98 mètre au Stade rennais.

Un accomplissement pour ce joueur de 28 ans au parcours sinueux, passé par la Division d’honneur, le championnat de France, le chômage ou encore l’équipe B de l’Olympique de Marseille, et dont le premier contrat professionnel n’a été signé qu’à l’été 2016, lors de son arrivée à Reims. Pour la première fois de sa carrière, il s’apprête donc à disputer la Ligue des champions, où il pourrait affronter son cousin Ferland Mendy, l’international français du Real Madrid.

Edouard Mendy, né à Montivilliers, près du Havre, d’une mère sénégalaise et d’un père bissau-guinéen, s’est révélé sur le tard à Reims, puis à Rennes. Il avait pourtant intégré le très réputé centre de formation du Havre Athletic Club (HAC), en 2005, mais l’aventure s’était achevée au bout d’un an. Le jeune gardien de but s’était alors dirigé vers un autre club de la ville portuaire, les Municipaux du Havre, très loin d’un monde professionnel qu’il s’est toujours promis d’intégrer.

« Je l’ai eu plusieurs fois à l’entraînement, rapporte le Franco-Sénégalais Abasse Ba, ancien joueur du Havre, à l’époque entraîneur de l’équipe B et désormais à la tête des moins de 17 ans nationaux. Ce qui m’avait frappé chez Mendy, c’est son sérieux, sa détermination. Il était toujours à l’heure, alors que d’autres arrivaient en retard, très décontractés. Certes, il jouait en Division d’honneur, mais il n’avait jamais abandonné l’idée de devenir professionnel. C’était son projet et il s’y préparait. »

Inscrit à Pôle emploi

Il s’en était – un peu – approché à l’AS Cherbourg (qui évolue alors en troisième division), passant de gardien numéro 3 à titulaire. Mais au lieu de rejoindre une formation de Ligue 1 ou de Ligue 2, Edouard Mendy, par ailleurs titulaire d’un bac pro commerce, s’était inscrit à Pôle emploi après son départ de Cherbourg. Un temps, il envisagea même de répondre favorablement à la proposition d’un ami de gérer un magasin.

Un coup de fil venu de l’Olympique de Marseille, qui lui permet d’endosser le costume de numéro 3 du club, l’arrache au chômage et à un avenir incertain. A l’OM, pourtant, il se contente de quelques apparitions avec l’équipe B (National 2) et ne voit toujours pas arriver ce premier contrat professionnel tant désiré.

Mais tout bascule quand Reims, qui évolue alors en Ligue 2, tente un pari sportif avec ce joueur visiblement voué à fréquenter les divisions amateurs. Jean-Pierre Caillot, le président rémois, découvre l’existence, grâce à ses réseaux, de ce gardien longiligne. « Il avait 24 ans, Edouard n’était donc plus un espoir. Mais on savait qu’il avait déjà un vécu et qu’il pouvait passer un cap. On l’a fait venir pour un salaire de 6 000 euros par mois, dans un rôle de doublure », explique le dirigeant.

En plus de ses qualités purement sportives, Jean-Pierre Caillot découvre une personnalité ambitieuse et un homme très à l’aise en société. « Il s’est vite intégré. C’est un garçon intelligent, qui communique beaucoup. Cela a fait de lui un leader, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. Son tempérament, sa volonté de réussir, son investissement dans le travail lui ont permis d’atteindre ses objectifs. »

Porter le maillot des Lions de la Teranga

L’excellente saison qu’il réalise en 2018-2019, lorsque le Stade de Reims retrouve la Ligue 1, pousse Jean-Pierre Caillot à lui prolonger son contrat en janvier 2019 et à augmenter son salaire.

Rennes, malgré la concurrence de clubs étrangers, parviendra néanmoins à faire fléchir le président rémois. « A Rennes, on lui a proposé d’évoluer dans une équipe qualifiée pour la Ligue Europa, avec un plus gros salaire. Et c’est de nouveau ce qui s’est produit pour son transfert à Chelsea. Il était tout à fait normal qu’il accepte. Il veut jouer au haut niveau, gagner de l’argent. C’est logique quand on a connu les divisions amateurs, le chômage, la galère… En quelques années, tout s’est accéléré avec la signature de son premier contrat pro, la L1, la L2, l’Angleterre, la sélection sénégalaise. C’est une aventure sportive, mais aussi humaine », précise Jean-Pierre Caillot.

Edouard Mendy est en effet devenu international sénégalais en novembre 2018, contre la Guinée Equatoriale (2-0). Ce choix de porter le maillot des Lions de la Teranga est assumé depuis longtemps, même si, quelques semaines après son arrivée à Reims, il avait participé à un rassemblement de la Guinée-Bissau, « pour faire plaisir à mon père, qui était très malade. Mais la sélection que j’attendais était celle du Sénégal », avait-il expliqué plus tard. Un pays qu’il n’a pas découvert grâce au football : avant de devenir international, il se rendait régulièrement dans la maison familiale, en Casamance. Onze mois après le dernier match des Lions, Mendy va retrouver sa sélection pour des matches amicaux face au Maroc à Rabat, le 9 octobre, et face à la Mauritanie à Thiès, quatre jours plus tard.

S/LMA/AFRICSOL

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