Dans une plainte pour entrave à la concurrence, la Federal Trade Commission et une coalition de 48 Etats américains demandent à la justice la cession, par le réseau social, des services WhatsApp et Instagram.

 
« Wow » : plusieurs journalistes américains spécialisés dans la « technologie » n’ont pas caché leur surprise, voire leur excitation, sur Twitter, à l’annonce des plaintes déposées mercredi 9 décembre contre Facebook par la Federal Trade Commission (FTC) et une coalition de 48 Etats. En effet, ces deux procédures pour entrave à la concurrence demandent à la justice de forcer le leader des réseaux sociaux à se séparer d’Instagram et de WhatsApp, deux services rachetés en 2012 et 2014 pour 1 et 19 milliards de dollars.

Le spectre du « démantèlement » de Facebook – ou de Google, Apple et Amazon – plane depuis longtemps sur les débats autour des géants du numérique. Un tel découpage a été évoqué dès début 2019 par la candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren et, en octobre 2019, par un rapport des démocrates de la commission antitrust de la Chambre des représentants. Mais cette perspective semblait assez éloignée.

Les plaintes ravivent le débat. « Pendant près d’une décennie, Facebook a utilisé son monopole pour écraser ses rivaux, étouffer la concurrence, tout cela au détriment des utilisateurs », a expliqué la procureure générale de New York, Letitia James, qui mène la coalition d’Etats. Outre les rachats d’Instagram et WhatsApp, Facebook se voit reprocher d’avoir « imposé des conditions anticoncurrentielles » aux développeurs d’applications tierces : après avoir ouvert l’accès à sa plate-forme afin de gagner des utilisateurs, Facebook l’a fermé pour certains services jugés concurrents, comme l’application de vidéos Vine, a dénoncé Mme James.

« Sérieux défi »

La FTC et les Etats demandent à la cour fédérale du district de Columbia de forcer Facebook à vendre Instagram, WhatsApp, ou les deux, afin de créer une ou plusieurs entités concurrentes. Les autorités veulent aussi faire cesser les pratiques anticoncurrentielles. Et obliger Facebook à notifier tout rachat supérieur à 10 millions de dollars. « L’argumentation développée est assez directe. Ces procédures vont représenter un très sérieux défi pour Facebook », estime William Kovacic, un ancien de la FTC devenu professeur de droit à l’université George Washington, à Washington.

Les plaintes citent notamment des documents internes obtenus dans l’enquête. Le développement d’Instagram pourrait être « très inquiétant » pour Facebook, avait ainsi estimé son fondateur.

S/LMA/Africsol

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