Le collectif Bellingcat et Amnesty International ont passé au crible les lieux, les uniformes et les armes utilisées pour tuer sommairement deux femmes et leurs enfants.
 

’est une vidéo de trois minutes qui s’est répandue sur les réseaux sociaux et a créé le scandale au Cameroun, et bien au-delà. Elle montre des hommes armés, présumés militaires camerounais, escorter de force deux femmes et leurs enfants sur l’un de ces chemins de terre bordant des champs qui dégringolent de collines rocailleuses. Une douzaine de villageois suivent. Parmi eux, certains sont armés de bâtons.

 

Ce sont des membres du comité de vigilance local, des groupes d’autodéfense constitués un peu partout dans la région du lac Tchad pour protéger les populations des incursions du groupe djihadiste nigérian Boko Haram. Ces comités de vigilance ne se contentent pas de défendre. Ils sont précieux en renseignements pour les militaires qu’ils guident parfois en opération.

Dans ce qui semble être la sortie d’un village, les hommes armés de fusils d’assaut font agenouiller une femme et sa fillette de même qu’une autre qui porte son bébé dans le dos. Elles sont accusées d’être des membres de « BH », comme on dit là-bas, pour Boko Haram. Puis les tirs retentissent. A bout portant, trois présumés militaires exécutent de 23 balles les deux femmes aux yeux bandés et leurs enfants, dont huit balles pour le bébé.

Scandale viral

Les hommes armés sont-ils des soldats de l’armée camerounaise régulière ou de ses troupes d’élite en première ligne dans la guerre contre Boko Haram ? Sont-ils des soldats de la force multinationale mixte de l’Union africaine qui traquent les djihadistes dans toute la région du bassin du lac Tchad ?

Dans un post publié le 18 juillet sur son compte Facebook, l’armée camerounaise continuait de nier l’implication de ses hommes. Le 15 juillet, quatre soldats étaient pourtant censés avoir été arrêtés, selon des sources militaires reprises par les agences Reuters et l’AFP avant d’être démenties, jeudi 19 juillet au soir, par le ministre de l’information. 

S/LEMONDEAFRIQUE/AFRICSOL

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