Les autorités se préparent à déplorer « un nombre considérable de morts » dans les incendies qui ravagent toujours ce samedi la côte ouest américaine, où le président Donald Trump a annoncé se rendre lundi en pleine campagne, désormais marquée par le thème du changement climatique.

Alimentés depuis des jours par une sécheresse chronique et des vents violents, des dizaines de feux sont disséminés de la frontière du Canada à celle du Mexique, dans les Etats de Washington, d’Oregon et de Californie.

« Le président Donald Trump se rendra en Californie lundi où il sera informé de la situation des incendies dans l’Etat », a annoncé un porte-parole de la Maison-Blanche, Judd Deere. Il y rencontrera des responsables des services d’urgence, en première ligne pour combattre des feux qui ont déjà calciné 1,2 million d’hectares dans l’Etat cette année, un record.

Au moment même de cette annonce, son adversaire démocrate à la présidentielle de novembre Joe Biden a, lui, dénoncé la responsabilité du changement climatique, « une menace existentielle ». « Le président Trump peut chercher à nier la réalité, mais les faits sont indéniables. Nous devons absolument agir pour éviter un avenir marqué par un déluge sans fin de tragédies, comme celle subie par les familles américaines dans l’Ouest aujourd’hui », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Comme dans un film »

Au total, au moins seize victimes ont été recensées cette semaine, mais il était encore impossible d’évaluer l’étendue réelle des destructions. Les plus de 20.000 pompiers luttant contre les flammes comptaient sur une météo plus fraîche et humide pour leur offrir un peu de répit ce week-end. « Nous nous préparons à un nombre considérable de morts, en nous fondant sur ce que nous savons du nombre de bâtiments détruits », a déclaré vendredi Andrew Phelps, directeur des services de gestion des urgences de l’Oregon.

Plus de 400.000 hectares sont partis en cendre dans cet Etat, où trois morts ont été recensés par les secours, qui sont sans nouvelles de dizaines d’autres personnes. Les zones menacées concernent 500.000 habitants au total dans l’Oregon, et un peu plus de 40.000 personnes avaient effectivement été évacuées vendredi à la mi-journée, a précisé la gouverneure Kate Brown. « C’est comme dans un film, vous ne vous attendez pas à ce que ça vous arrive à vous, mais quand ça arrive c’est juste effrayant », a confié Carrie Clarke, évacuée de la commune de Molalla, tout près de la grande ville de Portland. Cette dernière s’est réveillée ce samedi sous une brume épaisse causée par les fumées, donnant à l’air une odeur de feu de bois.

Taux de pollution au plus haut

Des habitants se préparaient à quitter temporairement la ville, comme Jessie, 37 ans, qui se mettait en route pour l’Etat voisin de l’Idaho avec sa femme. « C’est comme si j’avais fumé 100 cigarettes », s’est-il plaint devant sa voiture chargée de sacs. Avec Portland, les villes de San Francisco et Seattle figuraient parmi celles ayant le taux de pollution le plus élevé du monde samedi, selon le classement établi par la société IQAir.

La gouverneure Brown a souligné qu’en l’espace de seulement trois jours, les flammes avaient consumé 360.000 hectares dans l’Oregon, le double de la végétation qui brûle en moyenne en une année complète. « Nous voyons les effets dévastateurs du changement climatique dans l’Oregon, sur toute la côte ouest, et à travers le monde », a-t-elle insisté.

« Fichue urgence climatique »

« Nous nous attendons à ce que le nombre (de morts) puisse s’alourdir au fur et à mesure que nous revenons dans des zones ravagées par les flammes », a aussi prévenu le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, après s’être rendu dans les vestiges fumants d’une forêt calcinée du nord de son Etat. C’est là, dans le comté de Butte, encore traumatisé par le souvenir des incendies de novembre 2018 qui avaient fait 86 morts et réduit en cendres la ville de Paradise, qu’au moins dix personnes ont péri dans les flammes cette semaine, selon le dernier bilan des secours. « C’est une fichue urgence climatique, c’est bien réel et ça se déroule en ce moment », a insisté le gouverneur de Californie.

Dans le nord-ouest de l’Etat, l’incendie baptisé « August Complex Fire », assemblage de 37 feux qui ont touché la forêt de Mendocino à partir du 17 août, est officiellement devenu le plus étendu de l’histoire dans cet Etat, avec plus de 300.000 hectares brûlés. Dans l’Etat de Washington, plus de 250.000 hectares ont brûlé en cinq jours, a relayé le gouverneur Jay Inslee sur Twitter, soit la deuxième superficie la plus large brûlée sur toute une saison dans l’histoire de l’Etat.

La saison des incendies, qui se prolonge fréquemment jusqu’en novembre, est pourtant encore loin d’être terminée.

S/20MINUTE/AFRICSOL

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