Alors que l’Elysée espérait un renouvellement de génération, Alassane Ouattara, 78 ans, a finalement été réélu le 31 octobre.

 
Analyse. Moins d’un an s’est écoulé. Une éternité au regard des évolutions de la politique ivoirienne. Le 21 décembre 2019, Emmanuel Macron fêtait ses 42 ans à l’Hôtel Ivoire d’Abidjan. Le pouvoir ivoirien, maître de cérémonie, était aux anges. L’épouse du chef de l’Etat, Brigitte, pouvait enchaîner quelques pas de danse aux côtés de ceux qui étaient alors des prétendants à la succession d’Alassane Ouattara, le premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, et le vice-président, Daniel Kablan Duncan. L’Elysée était encore confiant, sûr que le président de la première puissance économique

d’Afrique francophone, comme il l’avait plusieurs fois laissé entendre en aparté à son jeune homologue, tirerait un an plus tard sa révérence à l’issue de son second mandat.

Nouvelle monnaie à l’arrêt

Quelques heures avant les agapes, les deux chefs d’Etat avaient proclamé la mort du franc CFA, « perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique », selon M. Macron, et son remplacement par l’éco avant la fin 2020.

La réalité a depuis rattrapé les belles promesses d’hier. La création de la nouvelle monnaie ouest-africaine n’a pas avancé. Le cœur d’Amadou Gon Coulibaly, le seul homme que M. Ouattara souhaitait voir lui succéder, n’a pas tenu. Il est mort le 8 juillet. A 78 ans, alors qu’il avait annoncé en mars sa retraite politique, le président sortant a été réélu le 31 octobre pour un troisième mandat qui suscite controverses et violences.

La « relève générationnelle » tant espérée par l’Elysée attendra

La « relève générationnelle » tant espérée par l’Elysée attendra. La Côte d’Ivoire a renoué avec les tensions politiques qui, depuis près de trente ans, font le malheur de sa population. Incapable de convaincre M. Ouattara de renoncer à sa candidature ou de reporter le scrutin le temps qu’il se trouve un autre successeur, Paris plaide à présent, comme l’ensemble des diplomates africains et occidentaux, pour l’ouverture du jeu politique et « des gestes d’apaisement » à l’égard de l’opposition ivoirienne, dont de nombreuses figures sont désormais en prison ou en exil.

Voies de conciliation

Dès le lendemain du vote, le 1er novembre, Emmanuel Macron a appelé son homologue ivoirien pour lui faire part de « ses inquiétudes sur le niveau inattendu de perturbation du scrutin », à la suite du mot d’ordre de boycott actif de l’opposition.

S/LM/AFRICSOL

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