Les mesures de confinement et les restrictions ont été étendues mercredi à travers la Chine et à l'étranger pour endiguer l'épidémie de pneumonie virale qui a déjà fait près de 500 morts.

Après la mise en quarantaine de facto de Wuhan et de la province du Hubei (centre), épicentre du nouveau coronavirus, un nombre grandissant de villes de l'est de la Chine imposent des restrictions de déplacement à des dizaines de millions d'habitants supplémentaires.

Des mesures draconiennes saluées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS): "Il existe une fenêtre de tir grâce aux mesures fortes prises par la Chine (...). Ne la laissons pas passer", a insisté mardi soir son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelant à un meilleur partage des informations sur le virus.

Au moins 490 personnes atteintes par le virus 2019-nCoV sont mortes en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), la plupart au Hubei, selon un bilan officiel mercredi. Plus de 24.000 cas de contamination ont été confirmés dans le pays.

Par contraste, près de 200 cas de contamination ont été identifiés en dehors de Chine dans une vingtaine de pays, Hong Kong --territoire chinois semi-autonome-- faisant par ailleurs état mardi de son premier décès.

Sous pression, les autorités hongkongaises ont fermé la quasi-totalité des postes frontières avec le reste du pays et imposeront à partir de samedi une quarantaine de deux semaines à tous les visiteurs venant de Chine continentale.

Les compagnies aériennes américaines United et American Airlines ont annoncé mercredi suspendre leurs vols vers Hong Kong, après avoir déjà cessé leur desserte de la Chine continentale.

D'autres pays musclent leurs mesures face à l'épidémie: l'Italie, où l'état d'un couple de patients s'aggrave, a commencé à contrôler dans ses aéroports, à l'aide de caméras thermiques, la température de tous les passagers en provenance de l'étranger.

Le Vietnam, de son côté, est en train de mettre en place des hôpitaux de fortune pour ses ressortissants de retour de Chine. Et mercredi en fin de journée, le Japon continuait d'isoler plus de 3.700 personnes voyageant sur un bateau de croisière, où au moins dix personnes ont été contaminées.

- Avenues désertes -

En Chine, les mesures de confinement s'intensifient: plusieurs agglomérations de la province du Zhejiang (est), à plusieurs centaines de kilomètres de Wuhan, ont mis en oeuvre depuis mardi de nouvelles restrictions aux déplacements.

A Hangzhou (plus de 200 cas rapportés), une métropole technologique et touristique à environ 150 kilomètres de Shanghai, des barrières de couleur verte bloquaient mercredi les avenues menant au siège du géant chinois du commerce en ligne Alibaba.

Les rues étaient désertes tandis qu'un avion militaire tournoyait dans le ciel. Des haut-parleurs hurlaient: "S'il vous plaît, ne sortez pas, ne sortez pas!", avant d'appeler à dénoncer les personnes originaires du Hubei.

Le siège d'Alibaba se situe dans l'un des trois arrondissements de la ville où une seule personne par foyer est dorénavant autorisée à sortir tous les deux jours -- 3 millions d'habitants sont concernés.

Au moins trois autres grandes villes du Zhejiang -- Taizhou, Wenzhou et Ningbo -- ont imposé ce type de restrictions à quelque 18 millions de personnes.

Des mesures de confinement s'étendaient mercredi à des villes d'autres provinces, jusqu'aux lointaines régions industrielles du nord-est, aux confins de la Sibérie.

Dans le Henan, province limitrophe du Hubei, la municipalité de Zhumadian a ordonné qu'une seule personne par foyer soit autorisée à quitter son domicile... une fois tous les cinq jours, tout en promettant des primes en cas de dénonciation de personnes venues du Hubei.

"Nous devons prendre des précautions drastiques pour combattre et éliminer tous types d'actions perturbatrices menées par des forces hostiles", a martelé mercredi le ministère de la Sécurité publique.

Face à de violentes critiques sur sa gestion de la crise, le gouvernement a reconnu des "défaillances".

Face à un système de santé débordé, Wuhan a accueilli mardi ses premiers malades dans un nouvel hôpital construit en dix jours et qui compte 1.000 lits.

Un second de ce type devrait ouvrir dans les prochains jours, tandis que huit autres bâtiments existants étaient en cours de transformation pour accueillir des malades, signe de besoins toujours immenses.

- Airbus s'arrête -

Avec pour l'instant un seul décès, Hong Kong reste loin du lourd bilan enregistré lors du Sras (299 morts) sur son territoire. Hors de Chine, seules les Philippines ont fait état d'une mort imputée au corona Paralysée par les restrictions et quasi-coupée du monde, l'économie chinoise pourrait être durablement plombée. Les congés du nouvel an lunaire ont été étendus jusqu'en fin de semaine dans de nombreuses provinces et la plupart des entreprises et usines resteront fermées jusqu'au 9 février au moins.

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a estimé mercredi que la propagation du nouveau coronavirus chinois apportait une "nouvelle dose d'incertitude" à la croissance économique.

L'avionneur européen Airbus a annoncé mercredi que sa ligne d'assemblage d'A320 à Tianjin, près de Pékin, resterait fermée pour une durée indéterminée.

S/AFP/AFRICSOL

 

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