La lutte contre le coronavirus sera longue, prévient l'OMS au moment où l'impatience grandit aux Etats-Unis et où l'Europe prépare son déconfinement, sur fond d'inquiétudes économiques.

"Ne vous y trompez pas : nous avons encore un long chemin à parcourir. Ce virus nous accompagnera pendant longtemps", a prévenu mercredi le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus depuis Genève.

Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) redoute tout particulièrement un relachement dans le combat mené contre ce nouveau virus, qui a déjà fait plus de 180.000 morts dans le monde depuis son apparition en Chine en décembre.

"L'un des plus grands dangers auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui est la complaisance" face à la pandémie, a-t-il martelé, soulignant que "les premiers éléments indiquent que la majeure partie de la population mondiale reste susceptible" d'être contaminée.

Aux Etats-Unis, où les manifestations anticonfinement se poursuivent, les autorités ont recensé mercredi 1.738 décès dus au coronavirus en 24 heures, un bilan en baisse par rapport à la veille, selon le comptage de l'université Johns Hopkins qui fait référence.

Ce bilan journalier porte à 46.583 le nombre total de décès recensés depuis le début de la pandémie aux Etats-Unis, pays officiellement le plus endeuillé au monde par le Covid-19.

- "Redémarrer l'Amérique" -

En dépit de ces chiffres, et de la situation dramatique dans les hôpitaux de certaines régions particulièrement touchées, le président américain Donald Trump a jugé la semaine dernière qu'il était temps de faire "redémarrer l'Amérique". Il a toutefois laissé chacun des gouverneurs prendre la décision selon la gravité de l'épidémie dans son Etat.

Certains ont rapidement commencé à relâcher les règles de distanciation. Dans les Etats encore sous ordre de confinement, des Américains multiplient depuis plusieurs jours les manifestations pour appeler à relancer l'économie.

Sur la même longueur d'onde, Donald Trump a signé mercredi un décret suspendant temporairement l'immigration aux Etats-Unis, qui ne délivreront plus de cartes vertes pendant deux mois, afin, dit-il, de protéger les salariés américains.

De l'autre côté de l'Atlantique, plusieurs pays européens se préparent à sortir progressivement du confinement que leurs populations sont contraintes de respecter depuis le mois dernier.

Et la tentation y est grande de relancer certaines activités économiques face au spectre de la récession.

Mais "aller trop vite serait une erreur", a estimé mardi la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a décidé entre autres de rouvrir certaines grandes surfaces.

Berlin et dix des 16 Etats fédérés allemands ont décidé d'imposer le port du masque dans les transports publics. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement.

- "Distanciation sociale" -

Outre l'Allemagne, l'Autriche, la Norvège ou le Danemark sont engagés sur la voie de l'assouplissement de leurs mesures de confinement, tout en conservant des mesures de "distanciation sociale".

L'Italie, la France, la Suisse, la Finlande et la Roumanie préparent aussi un prudent déconfinement.

 

 

 

Le constructeur automobile Renault a commencé à relancer sa production en France, qui avait été interrompue le 16 mars.

Malgré des signes de décélération, le seuil des 112.000 morts a été dépassé sur le Vieux Continent. L'Italie (25.085 morts) et l'Espagne (21.717) sont les pays en Europe les plus atteints, suivis de la France (21.340) et du Royaume-Uni (18.100).

Alors que 759 décès étaient enregistrés en Grande-Bretagne au cours des dernières 24 heures, portant le bilan dans le pays à 18.000 morts, le chef des services sanitaires britanniques, Chris Whitty, a douché les espoirs de ceux qui espéraient que Londres allait suivre la tendance européenne à alléger dans les semaines à venir les mesures de confinement.

"A long terme, on s'en sortira (...) idéalement avec un vaccin très efficace (...) ou des médicaments très efficaces qui permettront aux gens de ne plus mourir de cette maladie, même s'il l'attrapent", a-t-il dit.

- Course au vaccin -

La course mondiale à l'élaboration d'un vaccin, à laquelle participent toutes les nations et tous les grands laboratoires et firmes pharmaceutiques, a été relancée mercredi avec le feu vert donné par l'autorité fédérale allemande chargée de la certification des vaccins à un essai clinique sur les humains par le laboratoire BioNTech, basé à Mayence, en lien avec le géant américain Pfizer.

Actuellement, cinq projets de vaccin dans le monde en sont aux essais sur des humains mais la mise au point d'une formule efficace et sûre ne devrait pas prendre moins de douze à 18 mois, estiment les experts.

En attendant ce vaccin, dont le monde entier voudra disposer en même temps et dont l'obtention risque de donner lieu à une compétition féroce, la pandémie va continuer à alimenter une crise économique mondiale aux répercussions inédites.

Dans un monde à l'arrêt, les dirigeants cherchent toujours à juguler les effets d'une crise économique que le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation internationale du travail (OIT) décrivent comme la pire depuis 1945.

Les dirigeants européens se retrouvent jeudi devant leurs écrans, pour un sommet en visioconférence censé trouver les solutions pour sortir l'Union européenne de la récession, mais leurs profondes divisions risquent de les contraindre à reporter toute décision d'envergure.

La crise s'amplifie pourtant dans certains secteurs. Lù l'Organisation internationale de l'aviation civile (OACI) estime ainsi que le coronavirus pourrait réduire de 1,2 milliard le nombre de passagers dans le ciel d'ici septembre, comparé à une année normale.

La Corée du Sud a annoncé jeudi une contraction de 1,4% de son activté économique au premier trimestre par rapport à l'année précédente, et les autorités redoutent un nouveau ralentissement dans les mois qui viennent.

L'ONU s'est de son côté alarmée d'une "catastrophe humanitaire mondiale" : le nombre de personnes souffrant de famine risque de doubler pour atteindre "plus de 250 millions d'ici la fin de 2020", selon elle.

La crainte d'une deuxième vague reste également très forte

Aux Etats-Unis, un haut responsable de la santé publique, Robert Redfield, a dit redouter pour l'hiver prochain un épisode "encore plus difficile que celui que nous venons de vivre", en raison d'une possible coïncidence avec la grippe saisonnière.

Berceau du coronavirus, parti de Wuhan fin 2019, la Chine craint aussi une deuxième vague épidémique. Dans le collimateur : les personnes venant de l'étranger. Face à cette menace, la métropole de Harbin, proche de la Russie, a renforcé mercredi ses mesures de restriction.

S/AFP/Africsol

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