Invité de l’émission « Quotidien », l’ex-président s’est demandé s’il était encore possible de dire le mot « singe » alors qu’il n’était plus possible de dire « nègre ».

 

L’ex-chef de l’Etat faisait référence au roman policier les « Dix petits nègres », qui vient d’être réédité et rebaptisé en français « Ils étaient dix ». PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Invité de l’émission « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC, jeudi 10 septembre, à l’occasion de la sortie de son livre Le Temps des tempêtes (Editions de l’Observatoire), Nicolas Sarkozy a associé les mots « singes » et « nègres ». L’ex-président de la République critiquait « cette volonté des élites, qui se pincent le nez, qui sont comme les singes qui n’écoutent personne », lorsqu’il s’interrompt pour lancer avec ironie : « Je ne sais plus, on a le droit de dire “singe” ? » Et d’enchaîner : « Parce que… on n’a plus le droit de dire les… On dit quoi ? “Les dix petits soldats” maintenant ? C’est ça ? Ouais… Elle progresse la société ! »

Il faisait référence au roman policier Dix petits nègres, l’un des livres les plus lus et vendus au monde, qui vient d’être réédité et rebaptisé en français Ils étaient dix, avec le mot « nègre » remplacé par « soldat » dans le livre. Dans une intervention confuse, Nicolas Sarkozy a encore critiqué « cette petite partie des élites qui se regardent dans une glace » sans s’adresser au reste de la population.

« Pur et profond racisme, décomplexé, naturel »

Ces déclarations ont immédiatement suscité les critiques des responsables politiques de gauche. « Ainsi donc un ancien président de la République française associe spontanément les singes aux “nègres”… le racisme sans masque »a tweeté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. L’ex-candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal a elle estimé que « c’est hélas dans la droite ligne de son lamentable discours de Dakar » de 2007, où il avait affirmé que « l’homme africain » n’était « pas suffisamment entré dans l’histoire ».

« Mais est-ce que cela doit étonner de la part de celui qui a déclaré un jour que “l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire” ? »a tweeté de son côté le député LFI Eric Coquerel vendredi.

L’ex-journaliste et adjointe de la maire de Paris Audrey Pulvar a, elle, fustigé sur Twitter un « pur et profond racisme, décomplexé, naturel », estimant que M. Sarkzoy avait mis « un signe égal entre “nègre” et “singe”, dans un abyssal silence, sans contradiction ».

« Donc quinze ans après le « Kärcher »« la racaille » et après avoir contaminé la quasi-totalité des partis politiques, gauche comprise, la boucle est bouclée. Donc on peut repartir depuis le début ? Lier insécurité et immigration est raciste. C’est tout »a tranché pour sa part Aurélien Taché, toujours sur Twitter, ex-LRM aujourd’hui député Ecologie démocratie solidarité.

« Pour la discrimination positive »

Proche de l’ancien président, l’ex-ministre Rachida Dati a nié qu’il puisse « avoir une once de racisme » : Nicolas Sarkozy avait accueilli Barack Obama « avant même que quiconque puisse imaginer qu’il puisse devenir un jour président »« il était pour la discrimination positive, pour le droit de vote des étrangers », a-t-elle fait valoir sur BFM-TV et RMC.

De son côté, Nicolas Sarkozy a relayé des extraits de l’émission diffusés par « Quotidien » sur le réseau social : le premier où il dit son admiration pour Aimé Césaire, « un homme tout à fait remarquable », le second où il déclare qu’« il n’y a rien qui se démode plus que le nouveau monde ».

S/LMA/AFRICSOL

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