Alors que le pays fait face à des violences meurtrières visant les travailleurs étrangers, des internautes documentent ces événements avec des photos et vidéo hors contexte. Prudence.

 

DES VIDÉOS ANCIENNES

Une vidéo revient souvent. Elle est particulièrement choquante. On y aperçoit un immeuble en feu duquel tentent de s’échapper plusieurs personnes. Certaines choisissent de sauter dans le vide.

Mais cet incendie est survenu à des milliers de kilomètres de l’Afrique du Sud. En fait, la scène s’est déroulée en Inde, en mai 2019. Il s’agit d’un incendie d’un bâtiment situé dans la ville de Surate (Gujarat), qui a causé la mort de plus d’une vingtaine d’étudiants.

Une autre séquence, extrêmement violente aussi, montre un homme en feu, agonisant en plein milieu de la rue. Elle a été reprise par de nombreux utilisateurs de Twitter pour illustrer la haine meurtrière qui sévit en Afrique du Sud. Or, selon la BBC et l’AFP, la vidéo a été prise en janvier à Johannesbourg. Des articles dans la presse locale avaient d’ailleurs rapporté ce fait divers. L’homme était accusé d’avoir volé le sac d’une femme dans le quartier de Hillbrow. L’individu, brûlé vif dans la vidéo, est mort plus tard à l’hôpital.

Plusieurs photos décontextualisées ont également été utilisées pour illustrer ces émeutes xénophobes. Sur Facebook, un illustrateur a, par exemple, relayé plusieurs photos avec cette légende : « Armés de bâtons, d’armes blanches [machettes], les Sud-Africains noirs s’adonnent à leur sport favori… la chasse aux autres Africains [sic]. Et cela, en plein jour, sous les yeux indifférents de la police ! Recrudescence des actes xénophobes… ils saccagent, pillent et brûlent les maisons et les magasins appartenant aux étrangers ! »

Or, plusieurs de ces images datent de 2016 et ont été prises dans la ville de Durban, en Afrique du Sud. Nos confrères d’AfricaCheck ont également retrouvé des traces d’une des images dans un article de 2015, rapportant des émeutes xénophobes survenues aussi à Durban.

 

 

Ces images anciennes et décontextualisées qui ont fleuri sur Internet et dans les applications de communication inquiètent les autorités sud-africaines. La police a appelé les internautes à faire preuve de vigilance, car « 99 % des messages ou vidéos ou photos sont faux, vieux, ou n’ont pas été pris dans le pays. (…) Cela pourrait inciter à davantage de violence. »

S/LMA/Africsol

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